Zimbabwe : Une Crise Économique Persistante entre Hyperinflation, Pénuries et Dépendance au Dollar

Le Zimbabwe, traverse depuis deux décennies une crise économique sans précédent. Marquée par une hyperinflation destructrice, des pénuries de nourriture et de liquidités, ainsi qu’un taux de chômage inquiétant, cette crise affecte l’ensemble de la population.

I.                    Quelles sont les causes de la crise économique ?

Mauvaise gestion économique

L’une des principales causes de la crise économique zimbabwéenne réside dans la mauvaise gestion économique et financière du pays. Depuis la fin des années 1990, des politiques économiques ont conduit à une perte de confiance dans le gouvernement et les institutions financières. La réforme agraire controversée, qui a vu la saisie des terres appartenant aux fermiers blancs sans compensation adéquate, a gravement affecté le secteur agricole, pilier de l’économie du Zimbabwe.

Hyperinflation et dévaluation de la monnaie

L’hyperinflation est une autre cause majeure de la crise. La monnaie locale a perdu près de 100 % de sa valeur par rapport au dollar américain en un an. Cette hyperinflation est le résultat de l’impression excessive de billets par la Banque centrale pour financer les déficits budgétaires, créant ainsi une inflation incontrôlable.

Sanctions internationales

Les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux en réponse aux violations des droits de l’homme et à la mauvaise gouvernance ont également contribué à la crise. Ces sanctions ont limité l’accès du Zimbabwe aux marchés internationaux et bien évidement aux financements, redoublant ainsi les difficultés économiques. 

II. Manifestations de la crise économique

Pénuries et pauvreté

La crise se manifeste par des pénuries chroniques de biens de première nécessité, notamment la nourriture et les médicaments. La population, qui souffre de pauvreté, a un accès très limité à ces biens essentiels. Même posséder de l’argent n’a plus de sens aux yeux de la population. Des scènes sidérantes se produisent : Des billets abandonnés dans les rues et de monnaie rendue en bonbons montrent l’aberration de la situation économique.

Chômage élevé

Le taux de chômage, très élevé, est une autre manifestation de la crise. De nombreux Zimbabwéens sont contraints de se tourner vers des activités informelles pour survivre, ce qui ne fait qu’aggraver la précarité et l’insécurité économique.

Dépendance à l’Économie informelle

L’économie informelle a pris une place prépondérante dans la vie économique du Zimbabwe d’ailleurs comme beaucoup de pays d’Afrique. Les transactions en nature et le troc deviennent monnaie courante en raison de la dévaluation de la monnaie locale. Cela démontre la perte de foi dans le système monétaire officiel et le recours à des alternatives non conventionnelles pour les transactions quotidiennes.

III. Tentatives de solutions et perspectives

Lancement de l’or du Zimbabwe

En avril 2024, le gouvernement zimbabwéen pari sur le lancement de l’or du Zimbabwe (en anglais Zimbabwe gold, en abrégé ZiG) pour contrer l’hyperinflation. Cette nouvelle monnaie a pour objectif de fournir une réserve de valeur plus fiable et attirer des investissements étrangers. Cependant, pour que cette initiative soit un succès, une gestion rigoureuse et transparente des ressources naturelles sera cruciale puisque cette dernière est adossé à l’or.

Réformes structurelles

Pour sortir de cette crise, il est important de mettre en place des réformes structurelles et durables. Cela inclut la lutte contre la corruption, l’amélioration de la gouvernance, ainsi que la mise en place de politiques économiques favorables à la croissance et à la création d’emplois.  Le gouvernement doit également faire lever les sanctions de la communauté internationale, ainsi cela pourrait également jouer un rôle déterminant dans la relance économique du pays.

IV. La rechute

Échec du ZiG : des avions arrivent chargés de dollars américains !

L’introduction du ZiG, lancée en avril, devait être une solution à l’hyperinflation. Cependant, le ZiG n’a pas séduit la population. A la « grande surprise » de l’État, le ZiG a rapidement été écarté au rang de monnaie secondaire. Les Zimbabwéens continuent de privilégier le dollar américain pour leurs transactions, ce qui montre un manque de confiance de la population envers les réformes du pays.

Dépendance persistante au Dollar américain

Le dollar américain est devenu la principale monnaie d’échange au Zimbabwe, avec 80 à 85 % des transactions réalisées en dollars US. Cette situation est telle que des avions arrivent régulièrement dans la capitale avec des valises pleines de dollars américains pour satisfaire la demande de la population selon certaines sources. Quand on regarde la situation de la République Démocratique du Congo qui a connu le même scénario à la fin des années 1998 dans sa crise monétaire et qui aujourd’hui se lance dans un projet de dédollarisation depuis cette année, cela nous rappelle que la bataille sera longue.

Conséquences de l’échec

L’échec du ZiG entraîne des conséquences caverneuses sur l’économie zimbabwéenne. La perte de confiance dans la monnaie locale signifie que le pays est encore plus dépendant des devises étrangères pour les transactions quotidiennes. Cette situation limite la capacité du gouvernement dans le contrôle de sa politique monétaire et à la stabilisation économique du pays l’économie. En outre, cette dépendance au dollar américain illustre l’inefficacité des politiques monétaires récemment mise en œuvre ou peut-être un asservissement des états occidentaux au même titre que le FCFA en Afrique de l’Ouest.

Conclusion

La crise économique du Zimbabwe est le résultat d’une combinaison de mauvaise gestion économique, d’hyperinflation et de sanctions internationales. Les manifestations de cette crise sont visibles dans la pauvreté généralisée, le chômage élevé et la dépendance accrue à l’économie informelle. La tentative de stabilisation à travers l’introduction du ZiG a échoué, avec une population qui continue de préférer le dollar américain pour ses transactions. Pour surmonter cette crise, le Zimbabwe devra mettre en œuvre des réformes structurelles significatives, améliorer ou transformer la gouvernance. Peut-être, le Zimbabwe devra maintenir sa volonté de dollariser le pays. Une chose est certaine c’est que la population ne pourra pas accepter cette crise plus longtemps.

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