Que s'est-il passé à la prison de Makala ?
La prison de Makala située en République Démocratique du Congo dans la ville de Kinshasa fait la une des journaux depuis quelques semaines, et ce pour plusieurs raisons.
Des prisonniers libérés dans un contexte particulier.
420 prisonniers ont été libérés de la prison de Makala le 27 juillet 2024 de manière anticipée afin de désengorger cette prison. Seuls ceux qui répondaient à des conditions et des critères prédéfinis ont pu être libérés.
La prison de Makaka a été construite en 1957 avec la capacité d'accueillir 1500 prisonniers, mais en réalité plus de 15 000 détenues sont enfermées dans ce centre pénitentiaire. Dormant les uns sur les autres à même le sol, ces prisonniers sont mal nourris et vivent dans un environnement insalubre. Les conditions de vie de ces prisonniers ont été filmées et montrées publiquement par un journaliste qui avait été incarcéré. Le ministre de la Justice du Congo, Constance Mutumba, s'est rendu sur les lieux pour constater la situation. Une prison submergée par des individus souvent en détention provisoire, certains attendent leur jugement depuis des années et vivent dans des conditions catastrophiques, le tout dans une situation sanitaire déplorable.
L'urgence est donc de désengorger cette prison afin d'offrir une meilleure vie à ces détenus.
Une tentative d'évasion qui tourne mal
Dans la nuit du 1er au 2 septembre, entre 1h00 et 5h00 du matin, des coups de feu ont retenti depuis la prison de Makala, effrayant les habitants du quartier. Il s'agissait d'une tentative d'évasion des prisonniers de la prison de Makala. Ces derniers ont percé un des murs de la prison afin de pouvoir s'échapper, mais dans cette fuite plus de 120 prisonniers sont morts.
Certains ont été abattus, d'autres ont été bousculés, piétinés, voire étouffés ; aussi, une dizaine de femmes détenues ont été violées par des prisonniers.
Un bilan provisoire du nombre de morts est en cours et il se pourrait qu'il y ait plus de victimes dans cette prison quasi en ruine.
Des prisonniers traités comme du bétail
Avec un accès très limité à l'eau, des coupures d'électricité quasi permanente et une insécurité palpable, il n'est pas surprenant que des prisonniers aient cherché à s'enfuir.
L'état congolais a comme oublié cette petite partie de la population congolaise, bien que vivant en prison, fait partie intégrante du peuple. La survie de ces détenus ne tient qu'à un fil, car par jour, on compte deux à trois prisonniers qui perdent de la vie. En plus de la nourriture douteuse qui leur est servie, la santé de ces prisonniers est très fragile.
La sécurité extérieure de la prison est assurée par l'État, mais quant à la sécurité au sein de la prison même elle est assurée par les prisonniers eux-mêmes. Le gouvernement congolais affirme que cette fuite était préméditée. Certaines sources affirment que cette fuite serait le résultat d'une attaque extérieure, d'autres affirment que ce serait la réponse à un ras-le-bol des détenues vivant dans des conditions humiliantes. Une enquête a été menée par l'État congolais afin d'élucider l'affaire et de punir les acteurs de ce complot.
La prison de Makala qui est aujourd'hui la plus grande prison du pays détient les prisonniers les plus dangereux gérés dans la plus grande désorganisation.
La prison centrale ne recevra plus de transfert de prisonniers jusqu'à nouveau l'ordre, le temps de résoudre ces nombreuses situations complexes.