Les Caraïbes : Histoire complexe de rencontres et d’oppression

La Martinique, une île située dans les Caraïbes, porte en elle l'héritage de l'interaction entre les peuples des Caraïbes et de l'Afrique. Les Caraïbes, autrefois peuplées par les Kalinagos (hommes forts), originaires de Guyane, ont vu leur population se déplacer vers ces îles au 13e et 14e siècle, chassant les Arawaks, qui occupaient déjà ces terres avant l'arrivée de Christophe Colomb en 1492. Les Arawaks, également connus sous le nom de Taïnos, étaient les autochtones des Caraïbes. Avec l'arrivée des colons  blancs en Martinique,  les Kalinagos furent presque exterminés, certains d'entre eux ayant réussi à fuir vers des îles voisines telles que Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago.

Les Caraïbes, de nos jours, constituent une région insulaire des Amériques, jouissant d'une beauté naturelle exceptionnelle, bien que marquée par une histoire sombre. En effet, pendant le 17ème siècle, des millions d'Africains ont été déportés vers les Caraïbes pour devenir esclaves sur les plantations sucrières. Les Africains provenaient de diverses régions, notamment le Congo (qui englobait à l'époque le Congo RDC actuel, le Congo Brazzaville, la République centrafricaine et l'Angola), le royaume Dahomey (l'actuel Bénin), l'île de Gorée au Sénégal, la Guinée, le Cameroun, le Togo, et d'autres contrées.

Ce commerce d'esclaves vers les Caraïbes faisait partie du commerce triangulaire, dans lequel l'Europe envoyait des marchandises sur les côtes ouest de l'Afrique en échange d'esclaves qui étaient transportés vers les Antilles pour travailler gratuitement dans la production de sucre, de café et de tabac. Une fois ces richesses produites, elles étaient renvoyées en Europe.

La traversée, qui durait six mois, était éprouvante, et de nombreux esclaves africains périssaient en mer. Seuls les Africains les plus robustes et en meilleure santé étaient sélectionnés pour résister à la traversée et au dur labeur des plantations. À leur arrivée aux Antilles, les esclaves étaient répartis sur différentes îles comme Saint-Domingue, la Guadeloupe ou la Martinique. Les colons blancs, appelés « Békés », achetaient les esclaves les plus robustes étant plus chers que les autres. C'est à ce moment que le "Code noir" a été créé pour réduire les esclaves à un statut de biens, c'est-à-dire qu'ils étaient considérés comme vendables, revendables ou échangeables. Les esclaves étaient ensuite baptisés, recevaient de nouveaux prénoms et étaient envoyés dans les plantations.

Les conditions de vie des esclaves étaient extrêmement difficiles. Ceux qui tentaient de fuir étaient pendus à leur troisième tentative, et les femmes étaient victimes de viols répétés, donnant naissance aux "mulâtres". Une hiérarchie était établie chez les esclaves domestiques qui bénéficiaient “d'un meilleur traitement”. Les contremaîtres surveillaient les esclaves pour les empêcher de fuir, favorisant ainsi l'individualisme pour éviter toute solidarité et révolte.

L'esclavage a été aboli en Martinique le 22 mai 1848 et en Guadeloupe le 27 mai de la même année. Après l'abolition, les esclaves ont été affranchis, certains ont pu rester travailler pour leurs anciens maîtres, tandis que d'autres ont quitté les plantations pour reconstruire leurs vies.

Plus tard, des Indiens et des Chinois sont arrivés en Martinique pour remplacer la main-d'œuvre désertée par les anciens esclaves, et entre 1857 et 1862, des Africains sont également arrivés avec des contrats de travail, provenant de la Guinée, de la Sierra Leone et du Congo. Ces mouvements de population ont contribué à la diversité de la diaspora antillaise, créant un lien complexe entre les Caraïbes et l'Afrique.

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