La Rentrée Scolaire en Afrique : Panorama des Politiques d’Éducation et des Changements
Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, il est crucial de faire un tour d’horizon des préparatifs, des défis et des innovations dans plusieurs pays d’Afrique. Ce panorama mettra en lumière les avancées et les réformes significatives dans le domaine de l’éducation, avec un focus particulier sur les aspects les plus pertinents selon les contextes locaux.
Sénégal : Un Accent sur l’Inclusion et la Diversité
Au Sénégal, les préparatifs pour la rentrée scolaire sont marqués par une meilleure organisation des établissements, avec un accent particulier sur l’accueil des élèves en situation de handicap. Les autorités ont mis en place des infrastructures adaptées pour favoriser une école plus inclusive. Depuis l'installation des nouvelles autorités au Sénégal, la question du handicap a suscité un intérêt. Les associations de personnes handicapées espèrent en le gouvernement à adopter des mesures concrètes pour améliorer la situation des personnes handicapées qui représente 3 millions de personnes et souvent laissées pour compte.
Le gouvernement sénégalais a lancé plusieurs initiatives pour promouvoir l’inclusion et la diversité dans les écoles. Des programmes spéciaux ont été introduits pour encourager la scolarisation des filles, notamment dans les zones rurales où elles sont souvent désavantagées.
Le Sénégal se distingue par des politiques éducatives progressistes qui mettent l’accent sur l’accès à l’éducation pour tous. Le Plan d'Actions Prioritaires pour l’Éducation a été renforcé cette année pour garantir une éducation de qualité, inclusive et équitable.
Ghana : Politiques Éducatives et Attentes des Parents
Le Ghana continue de mettre en œuvre des réformes éducatives ambitieuses. Le gouvernement a introduit le programme « Free Senior High School » depuis 2017, qui vise à rendre l’enseignement secondaire accessible à tous. Cette initiative est l'une des plus importantes du continent en termes d’inclusion sociale et d’équité éducative.
Les parents ghanéens attendent beaucoup de cette nouvelle année scolaire, particulièrement en matière de qualité de l'enseignement. La gratuité de l’enseignement secondaire a suscité de grandes attentes, et les parents espèrent que cela se traduira par une amélioration des performances académiques et des opportunités futures pour leurs enfants.
Cependant, le défi reste l’adaptation des infrastructures existantes à l’afflux massif d’élèves. Le gouvernement travaille sur l'expansion des capacités des écoles pour éviter la surpopulation des classes et maintenir un enseignement de qualité.
République Démocratique du Congo (RDC) : Réformes et Défis dans un Contexte Fragile
En RDC, la rentrée scolaire se fait dans un contexte complexe, marqué par des défis sécuritaires et économiques. Le gouvernement a toutefois pris des mesures pour assurer un retour en classe sécurisé, en particulier dans les zones affectées par des conflits.
La RDC est à un tournant crucial avec l’introduction de la gratuité de l’enseignement primaire, une mesure qui, malgré les défis logistiques, vise à améliorer l’accès à l’éducation pour tous les enfants congolais. Cette réforme est accompagnée d’un plan de renforcement des infrastructures scolaires pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves.
Les défis sont nombreux, notamment le manque de ressources matérielles et humaines pour accueillir tous les élèves dans de bonnes conditions. Les enseignants, confrontés à des retards de paiement, sont également un élément de préoccupation pour le bon déroulement de la rentrée.
Le bien-être des élèves est particulièrement pris en compte, avec des initiatives pour améliorer la nutrition scolaire et garantir un environnement d’apprentissage sûr et propice au développement des enfants, malgré les conditions difficiles.
Burkina Faso : L’Éducation au Cœur de la Résilience
Au cœur du Faso, le vent du changement souffle avec une intensité inédite. Le 20 juin 2024, une date désormais gravée dans l'histoire de notre continent, marque un tournant décisif pour l'avenir du Burkina Faso. Sous la houlette du capitaine Ibrahim Traoré, le président de la transition, une initiative visionnaire et révolutionnaire a été adoptée en Conseil des ministres pour revitaliser le secteur de l'éducation et de la formation.
Cette initiative, intitulée "Projet présidentiel pour une éducation de qualité pour tous", incarne la volonté inébranlable du Président Traoré de doter chaque enfant burkinabè, chaque jeune, des outils nécessaires pour forger l'Afrique de demain. Jean Emmanuel OUEDRAOGO, ministre d’État et porte-parole du gouvernement, a exprimé avec passion la détermination du chef de l'État à transformer, en profondeur et dans les plus brefs délais, le paysage éducatif de notre pays.
Construit autour de sept composantes essentielles, ce projet s’étend sur cinq ans et promet de révolutionner le système éducatif burkinabè. D'abord, il s'agit de bâtir, sécuriser, normaliser et moderniser les infrastructures éducatives, afin que chaque établissement soit un lieu propice à l'apprentissage et à la sécurité de nos enfants. Ensuite, la création d'une université polytechnique répondra à la soif de savoir technique et scientifique de notre jeunesse, ouvrant la voie à une autonomie technologique véritablement panafricaine.
Les réformes des structures de gestion des écoles et la participation accrue des acteurs de l’éducation soulignent l’importance d’une gouvernance inclusive, où chaque voix compte pour bâtir un système solide et résilient. Par ailleurs, la formation continue des enseignants, ainsi que l'assainissement et l’encadrement rigoureux de la délivrance des diplômes, assureront une qualité d’éducation à la hauteur des défis du XXIe siècle.
Les composantes dédiées à l’enseignement professionnel et technique, ainsi qu’à la discipline scolaire et à la propreté des établissements, témoignent de l’engagement du gouvernement à former une jeunesse prête à relever les défis du développement africain.
Piloté par le Bureau national des grands projets du Burkina, ce programme phare promet de redonner espoir et fierté à chaque citoyen burkinabè. Il résonne comme un appel vibrant à l'unité et à la solidarité panafricaines, rappelant à tous que l’éducation est la clé de l’émancipation de notre peuple.
Le Burkina Faso, sous la direction éclairée du capitaine Ibrahim Traoré, se dresse désormais en phare d’une Afrique en marche vers la renaissance.
FOCUS : Revenons sur la République Démocratique du Congo
L'Impact de la Politique sur l'Éducation en RDC
À Kinshasa, la capitale de la RDC, la capitale a récemment été marquée par des tensions sociales et des grèves répétées des enseignants. Ces grèves, souvent déclenchées par des revendications salariales non satisfaites et par des conditions de travail précaires, ont perturbé le déroulement normal de l’année scolaire. En 2023, plusieurs écoles ont été fermées pendant des semaines en raison de ces mouvements sociaux, affectant ainsi des milliers d'élèves dans leur parcours éducatif.
Pour répondre à ces défis, le gouvernement congolais a pris plusieurs mesures. Tout d'abord, des négociations ont été entamées avec les syndicats des enseignants pour trouver des solutions à long terme, y compris l'augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail. Le gouvernement a également mis en place un fond d'urgence pour garantir le paiement des arriérés de salaires et pour prévenir de nouvelles grèves.
Par ailleurs, des initiatives sont en cours pour améliorer la gestion des écoles publiques à Kinshasa, en renforçant la transparence financière et en impliquant davantage les communautés locales dans la gestion des établissements scolaires. Le gouvernement a également promis d'augmenter le budget alloué à l'éducation dans la capitale, pour éviter que ces perturbations ne se reproduisent et pour assurer une meilleure stabilité du système éducatif.
Ces efforts visent à restaurer la confiance des enseignants et des parents dans le système éducatif, tout en assurant une scolarité continue pour les élèves de Kinshasa.
Financement de l’Éducation en RDC
Le financement de l’éducation reste un défi majeur en RDC, où le budget alloué à l’éducation est souvent insuffisant pour répondre aux besoins d’un système scolaire en pleine expansion. La gratuité de l’enseignement primaire, bien qu’innovante, a mis une pression supplémentaire sur les ressources disponibles.
Pour pallier ce manque de financement, le gouvernement congolais cherche à renforcer les partenariats publics-privés et à attirer des financements internationaux. Des programmes comme « Le Partenariat Mondial pour l’Éducation » visent à mobiliser des fonds supplémentaires pour améliorer les infrastructures scolaires et former les enseignants. L’UNESCO et L’AFD s’engagent pour mieux former et soutenir les enseignants à hauteur de 9 M€. Le gouvernement explore également des initiatives comme les subventions directes aux écoles pour compenser les coûts associés à la gratuité de l'enseignement.
L'Éducation des Filles : Progrès et Défis en RDC
La scolarisation des filles en RDC est encore entravée par des obstacles culturels, économiques et sécuritaires. Les mariages précoces, le travail des enfants et la discrimination de genre sont des réalités qui limitent l'accès des filles à l'éducation, surtout dans les zones rurales.
Le gouvernement a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation pour encourager la scolarisation des filles. Des programmes d'incitation, comme la distribution de kits scolaires gratuits et l'octroi de bourses pour les filles, sont également mis en place. Par ailleurs, des lois ont été renforcées pour pénaliser les mariages précoces et protéger les droits des filles à l'éducation. En janvier 2024 des associations féminines comme la CAFCO Cadre de concertation de la femme congolaise.
Il faut saluer le travail de la Coordonnatrice en charge de la Jeunesse et lutte contre les violences faites aux femmes, Chantal Yelu Mulop, qui depuis sa nomination au sein de service spécialisé de la présidence de la RDC, met en place de nombreux projets notamment dans l’éducation et la protection des filles.
Le Développement de l’Éducation Technique et Professionnelle (ETP) en RDC
La RDC est en plein développement de son secteur de l’Éducation Technique et Professionnelle (ETP), crucial pour réduire le chômage des jeunes et répondre aux besoins du marché du travail. Cependant, les infrastructures et les programmes de formation sont souvent obsolètes ou inadéquats.
Le gouvernement congolais, avec le soutien de partenaires internationaux, met en place de nouveaux centres de formation professionnelle et rénove les anciens. Des programmes de formation sont adaptés aux besoins spécifiques des secteurs en croissance, tels que les technologies de l’information, l’agriculture, et les mines. De plus, des partenariats avec des entreprises privées permettent d’assurer des stages et des formations en entreprise pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes.
L'Éducation dans les Zones Rurales et Isolées en RDC
Les zones rurales de la RDC sont souvent négligées en matière d’infrastructures éducatives. Les écoles y sont peu nombreuses, mal équipées et les enseignants qualifiés sont rares. De plus, les longs trajets pour atteindre les écoles découragent de nombreux enfants, surtout les filles.
Pour remédier à ces défis, le gouvernement congolais, avec l'aide de partenaires internationaux, a lancé des projets de construction et de rénovation d’écoles dans les zones rurales. Des programmes de formation à distance pour les enseignants, combinés à l’utilisation de la radio et de la télévision éducatives, permettent de pallier le manque de ressources. En outre, des initiatives de transport scolaire sont en cours pour faciliter l'accès des enfants aux écoles éloignées.
Nous pouvons voir que La CFEF a procédé à la réception des écoles primaires, Centres de santé et des Bâtiments administratifs dans les Provinces du Kwango et du Kwilu dans le cadre du Programme de Développement Local des 145 Territoires en République Démocratique du Congo.
L’Éducation et l’Environnement : Une Éducation Durable en RDC
Avec les vastes forêts tropicales et la biodiversité de la RDC, l’éducation au développement durable est cruciale. Pourtant, la sensibilisation environnementale reste faible dans le curriculum scolaire, et la déforestation, ainsi que d'autres pratiques nuisibles, continuent d'être une préoccupation majeure.
Le ministère de l’Environnement en collaboration avec le ministère de l'Éducation a intégré des modules d'éducation environnementale dans les programmes scolaires. Des projets pilotes d'écoles écologiques sont en cours dans certaines régions, avec la création de jardins scolaires et la sensibilisation à la gestion durable des ressources naturelles. Le gouvernement travaille également à inclure des activités de terrain, comme des excursions éducatives dans les parcs nationaux, pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement.
La Formation et la Valorisation des Enseignants en RDC
Les enseignants en RDC sont souvent sous-payés, mal formés, et travaillent dans des conditions difficiles. Cela affecte directement la qualité de l’enseignement et la motivation des éducateurs.
Le gouvernement congolais a entrepris plusieurs réformes pour améliorer la formation initiale et continue des enseignants. Des programmes de formation sont mis en place, en partenariat avec des universités et des institutions pédagogiques, pour améliorer les compétences des enseignants. Par ailleurs, un plan d’augmentation progressive des salaires et de l’amélioration des conditions de travail des enseignants est en cours, avec l’objectif de revaloriser la profession et d’attirer de nouveaux talents dans le secteur éducatif.
Le Multilinguisme et l’Enseignement en Langue Maternelle en RDC
La RDC est un pays multilingue avec plus de 200 langues locales. L'enseignement en langue maternelle est un défi majeur car le français reste la langue d'instruction principale, ce qui limite la compréhension des élèves, surtout dans les premières années de scolarité.
Depuis 2019, le gouvernement congolais a commencé à expérimenter l'introduction de l'enseignement en langue maternelle dans les premières années de l'école primaire, notamment dans les régions où le taux d'abandon scolaire est élevé. Des manuels scolaires en langues locales sont en cours de développement, et les enseignants reçoivent une formation spécifique pour enseigner dans ces langues. Cette approche vise à améliorer la compréhension et l’engagement des élèves, tout en respectant la diversité linguistique du pays.
A contrario nous il plane une certaine inquiétude quant à la dégringolade du français.
Depuis la colonisation belge, le français a été établi comme la langue officielle de la RDC et est resté la langue principale de l'administration, de l'éducation, et de la communication interethnique. Avec 78% de la population congolaise parlant le français, la RDC est le premier pays francophone au monde par le nombre de locuteurs. Cependant, ce chiffre peut être trompeur quant à la maîtrise réelle de la langue par la population. On constate un engouement croissant pour l'apprentissage de l'anglais en RDC, principalement dû à des raisons professionnelles. L'anglais est perçu comme un "passeport" pour une meilleure intégration dans un marché du travail dominé par des investisseurs anglophones et des organisations internationales où l'anglais est la langue de travail. Cette tendance est renforcée par le fait que l'anglais est considéré comme plus facile à apprendre que le français, notamment en raison de règles grammaticales moins complexes. Par ailleurs le niveau de maîtrise du français semble baisser parmi les jeunes générations. Cette baisse est attribuée à la perception du français comme une langue complexe, difficile à maîtriser comparée à l'anglais. Certains linguistes congolais, affirment que le français est "en perte de vitesse" - Raoul Ekwampok dans l’article “Francophonie en Afrique: en RDC, l'avenir du français tout tracé? » Publié le : 16/10/2023
Le français n'est plus aussi prisé qu'auparavant, une situation exacerbée par l'absence de politiques éducatives favorisant activement l'apprentissage et l'utilisation de la langue française.
Comme évoqué plus haut, l'hégémonie historique du français est remise en question par la montée en puissance des langues locales, bien que celles-ci soient souvent mélangées avec des termes français dans un processus de créolisation.
L'avenir de la langue française en RDC semble dépendre de sa capacité à coexister avec l'anglais et les langues locales dans un cadre multilingue. Si le français reste la langue officielle et la langue commune de communication, son usage dominant est challengé par des dynamiques sociales et économiques qui favorisent l'anglais, perçu comme plus utile et plus accessible dans un contexte globalisé.
Il est crucial que la Francophonie et les autorités congolaises réfléchissent à des stratégies pour revitaliser l'apprentissage du français tout en valorisant les autres langues parlées en RDC. Des initiatives comme le programme Elan de l'OIF, qui favorise l'apprentissage bilingue dès le jeune âge, sont des pistes prometteuses pour permettre une cohabitation harmonieuse entre le français et les langues nationales. En fin de compte, le futur du français en RDC dépendra de sa capacité à s'adapter aux besoins changeants de la population et de l'évolution du système éducatif congolais, actuellement en crise.
Le Rôle des Parents et de la Communauté dans l’Éducation en RDC
L'implication des parents et de la communauté dans le système éducatif en RDC est souvent limitée par la pauvreté, l'ignorance ou le manque de structures appropriées pour encourager leur participation.
Pour renforcer l’engagement communautaire, le gouvernement a lancé des programmes de sensibilisation pour encourager les parents à s'impliquer davantage dans l'éducation de leurs enfants. Des comités scolaires ont été créés dans plusieurs régions pour permettre aux parents et aux membres de la communauté de participer à la gestion des écoles. De plus, des projets communautaires de construction d’écoles et de soutien aux élèves les plus démunis sont en cours, avec l’appui de divers partenaires.
L'Importance de la Santé Mentale et du Soutien Psychosocial dans les Écoles en RDC
Les conflits, la pauvreté et les catastrophes naturelles ont des effets dévastateurs sur la santé mentale des enfants en RDC. Cependant, le soutien psychologique dans les écoles reste largement insuffisant.
Le gouvernement congolais, en partenariat avec des ONG, a commencé à intégrer des services de soutien psychosocial dans certaines écoles, notamment dans les zones les plus touchées par les conflits. Des formations sont organisées pour les enseignants afin de les aider à détecter et à gérer les traumatismes chez les élèves. De plus, des centres de santé mentale sont établis à proximité des écoles pour offrir des services spécialisés aux enfants nécessitant une attention particulière.
Ces différents sujets montrent l'engagement du gouvernement congolais à relever les nombreux défis éducatifs auxquels le pays est confronté. Bien que les problèmes soient complexes et multiformes, des initiatives sont en place pour améliorer progressivement l'accès, la qualité, et l'équité de l'éducation en RDC. Le chemin est encore long, mais les efforts déployés témoignent d'une volonté de faire de l'éducation un pilier central du développement national.
En conclusion, l’éducation en Afrique est marquée par des dynamiques variées selon les pays, mais partout, des efforts notables sont entrepris pour améliorer la qualité de l’éducation. Que ce soit par l’intégration technologique, le renforcement des politiques inclusives, ou encore la gestion des défis sanitaires et sécuritaires, les gouvernements africains s'engagent à créer des environnements éducatifs propices à l'épanouissement des jeunes générations.
Ces initiatives témoignent d’une volonté collective de faire de l’éducation un levier de développement durable, en phase avec les réalités et les besoins spécifiques de chaque pays.