"RDC : Vers une Renaissance du Franc Congolais et la Fin de l'Hégémonie du Dollar Américain ?"
Il fut un temps où un Zaïre, l'ancienne monnaie de la République Démocratique du Congo (RDC), valait deux dollars américains. Ce nom emblématique, "Zaïre", fut donné à la monnaie par le Maréchal Mobutu Sese Seko, ancien chef d'État, dans les années 1970. À cette époque, le Zaïre jouissait d'une valeur et d'une notoriété certaine, aujourd'hui révolues.
Au fil des années, la valeur du Zaïre a dramatiquement chuté. En seulement deux décennies, obtenir un dollar américain nécessitait de débourser 1 990 000 Zaïres. Face à cette dévaluation vertigineuse, le franc congolais a été introduit en 1998 sous la présidence de Laurent-Désiré Kabila. À son lancement, un franc congolais équivalait à 0,77 dollar. Toutefois, cette nouvelle monnaie n'a pas échappé à une érosion progressive de sa valeur. Actuellement, un franc congolais vaut environ 0,00035 dollar, une manière élégante de souligner sa faible valeur sur le marché international.
Le franc congolais, bien qu'introduit avec l'espoir de redynamiser l'économie nationale, n'a jamais réellement réussi à supplanter le dollar américain dans les transactions quotidiennes. Cependant, une mesure cruciale visant à revaloriser la monnaie nationale a été prise par la Banque Centrale du Congo au début du mois de juin 2024. Cette initiative s'inscrit dans une série de réformes ambitieuses menées par Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, visant à marginaliser l'usage du dollar et à encourager l'utilisation du franc congolais pour toutes les transactions internes.
Concrètement, la Banque Centrale de la RDC a exigé que tous les établissements de crédits et financiers reparamètrent leurs terminaux de paiements électroniques pour qu'ils n'acceptent plus que les paiements en francs congolais. En outre, le gouvernement a ordonné aux commerçants d'afficher et d'annoncer systématiquement leurs prix en francs congolais. Cette directive vise à restaurer la confiance et la reconnaissance de la monnaie nationale, en incitant les Congolais à se réapproprier leur devise et à réduire la domination du dollar dans l'économie locale.
Actuellement, la majorité des Congolais privilégient l'utilisation du dollar américain, perçu comme plus stable et plus fiable. Cette préférence a engendré un contrôle rigoureux sur l'état des billets américains, ceux-ci étant souvent refusés s'ils sont légèrement endommagés. En revanche, le franc congolais souffre d'une image peu flatteuse. Ses billets, souvent sales et usés, perdent rapidement leurs dessins et peuvent même ressembler à des mouchoirs usagés, reflétant leur mauvais état.
La Banque Centrale du Congo a fixé un délai jusqu'au 31 juillet pour que toutes les institutions concernées se conforment à ces nouvelles mesures. Cette initiative marque-t-elle le début de la fin de l'hégémonie du dollar américain en RDC ? Il faudra suivre attentivement les développements futurs pour en juger.
En conclusion, il est essentiel de rappeler que la RDC, anciennement le Zaïre, fait partie des neuf pays africains qui impriment leur propre monnaie depuis 1987. Entre 1960 et 1970, cette tâche était confiée à des entreprises étrangères, notamment l'anglaise Thomas de La Rue & Company et l'allemande Giesecke & Devrient. Aux côtés de la RDC, des pays comme l'Afrique du Sud, l'Égypte, l'Algérie, le Maroc, le Nigeria, le Ghana, le Soudan et le Kenya ont également leurs propres imprimeries de monnaie. Toutefois, 43 pays africains restent dépendants des imprimeries occidentales, ce qui soulève des questions cruciales sur la souveraineté monétaire. En avril 2024, le Zimbabwe a indexé sa monnaie sur l'or, montrant la voie à suivre pour une indépendance financière. Avec sa capacité à imprimer localement sa monnaie et ses réserves d'or, la RDC dispose des atouts nécessaires pour devenir un véritable pays souverain.