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Quand l'Appropriation Culturelle Révèle la Beauté du Cheveu Afro

L'appropriation culturelle… un terme souvent entendu ces derniers temps, touchant des domaines variés comme la musique, la danse et la mode. De nombreux aspects culturels africains ont été empruntés, sans que l'Afrique elle-même ne soit mise en lumière et reconnue pour ses atouts.

Pour clarifier, l'appropriation culturelle se définit comme l'adoption d'éléments matériels ou immatériels d'une culture par les membres d'une autre culture. Cette pratique se fait souvent sans reconnaissance de l'origine culturelle, dans le but de bénéficier de ces éléments distinctifs d'une culture minoritaire.

Il y a quelques mois, une actualité concernant les cheveux crépus portés par des Asiatiques a créé un véritable buzz. Au Japon, de nombreuses femmes et même des hommes de tous âges aspirent à se tresser les cheveux voire à transformer leur texture de cheveux asiatique en une texture crépue. Cette nouvelle a réjoui certains en voyant une valorisation des cheveux afro, mais la majorité des personnes de la communauté noire était plutôt dérangée, voire offusquée de voir leurs cheveux portés par des non-Noirs.

De manière analogue, en analysant l'esthétique chez la femme noire en Afrique, on constate que la majorité ne porte pas ses cheveux naturels. On observe facilement celles qui privilégient les cheveux naturels et crépus et celles qui optent pour des perruques de toutes sortes.

Il est aussi rare de voir une femme noire sans perruques que de voir une poule voler. Vous vous demanderez peut-être "En quoi est-ce de l'appropriation ?" Cela réside dans le désir de porter le cheveu de l'autre, que cet autre soit blanc, indien ou brésilien. Il existe aujourd'hui de nombreuses perruques de type afro. Alors, pourquoi vouloir s'approprier les cheveux des autres ?

Si l'appropriation des cheveux crépus par les Japonais est critiquée, quelle différence avec les femmes noires qui portent des perruques lisses et blondes ? Même si le cheveu crépu a une histoire complexe marquée par des traumatismes, il reste un cheveu à part entière, un poil qui s'hérisse au-dessus du crâne.

Lorsqu'on parle d'appropriation, on parle de tirer profit de la culture de l'autre. Une personne qui possède une boutique vendant des "cabello" ou "pelo pelo" comme on dit aux Antilles, destinées à une population qui ne naît pas avec des cheveux lisses, est-ce aussi de l'appropriation ?

De même, s'approprier les attributs d'une culture minoritaire soulève des questions pertinentes dans le contexte africain. Qui est réellement minoritaire ? En Afrique, la majorité des femmes noires portent encore les stigmates de la colonisation et de l'esclavage sur leur tête, avec des textures indiennes, asiatiques, caucasiennes ou brésiliennes dominant celles crépues.

L'esclavage a infligé des dégâts à tous les aspects de la vie des Noirs, jusqu'à les amener à croire que leurs cheveux crépus ne sont pas beaux, professionnels ou adaptés à toutes les situations.

Si une femme noire n'est pas troublée par le fait de se voir dans le miroir avec des cheveux qui ne lui appartiennent pas, qui ne définissent pas son identité, pourquoi serait-elle contrariée par un Asiatique admirant les cheveux crépus et les mettant en valeur en les portant, tandis que leurs véritables propriétaires les dénigrent encore ? C’est irrationnel. S'il est dérangeant de porter des cheveux crépus quand on n'est pas Noir, ne devrait-il pas l'être aussi de porter les cheveux des Blancs ou autres lorsqu'on est Noir ?

Certes, la société occidentale préfère nous voir avec des cheveux lisses, raison pour laquelle beaucoup de femmes défrisent leurs cheveux ou portent des perruques. Cependant, cela ne justifie pas de continuer à porter ce qui ne nous appartient pas. Si cette société a un sérieux problème avec nos cheveux, il est pertinent de noter qu'elle cherche également à nous ressembler, avec des lèvres pulpeuses, des formes généreuses et une peau bronzée. Alors, pourquoi ne pas imposer nos cheveux ?

Cette société s'approprie donc ce qui est nôtre. Mais à qui la faute ? Si nous rejetons quelque chose de valeur, quelqu'un d'autre ne devrait-il pas le récupérer ?

Ces réflexions méritent d'être approfondies. L'appropriation culturelle est peut-être le résultat du rejet de notre propre culture par nous-mêmes. Certes, l'esclavage y est pour quelque chose, mais il est temps de démontrer qu'il a été aboli. Il est temps de prendre position pour ce qui nous est propre, d'accepter notre véritable identité indépendamment de ce que l'Occident voudrait nous imposer.

L'Afrique et ses dérivés sont une richesse. D'autres communautés l'ont compris. Cependant, les Afro-descendants cherchent encore leur propre approbation dans l'Occident, démontrant une forme d'esclavage atténué.

Apprenons à aimer ce que nous avons avant que la vie ne nous apprenne à aimer ce que nous avons perdu.