L'impact du changement climatique sur l'agriculture, et en particulier l'agriculture urbaine en Afrique et dans les Caraïbes
Introduction à l'Agriculture Urbaine
L'agriculture urbaine est un modèle agricole influencé par le contexte urbain, caractérisé par des densités de population élevées et l’utilisation de petits espaces. Elle englobe un ensemble varié de pratiques agricoles présentes en ville, et répond aux besoins des populations. Ses formes sont multiples : fermes de polyculture et d'élevage, serres maraîchères, jardins familiaux, potagers solidaires, projets en pleine terre ou hors sol, jardins sur les toits, etc.
Comme en agriculture conventionnelle, les décisions des producteurs en matière de cultures dépendent de facteurs tels que la température, la pluviométrie, et l'humidité. Que ce soit en milieu urbain ou rural, l'agriculture suit un calendrier agricole pour limiter les impacts des variations climatiques sur les rendements.
Bien que sous-exploitée, l’agriculture urbaine améliore la qualité de vie des citadins, en rapprochant la production alimentaire des consommateurs et en réduisant les coûts logistiques. Qu'elle soit de subsistance ou commerciale, l'agriculture répond à des besoins de sécurité alimentaire, de proximité, de fraîcheur, de production locale, et de réduction des émissions de gaz à effet de serre liés aux transports. En rendant les produits frais plus accessibles, elle améliore le pouvoir d'achat et participe à l'embellissement des espaces urbains. Les citadins s'approprient ces lieux lors d'événements communautaires, tels que des visites, des ateliers pour adultes et enfants, et des campagnes de sensibilisation organisées par les écoles.
L'Impact Financier du Changement Climatique
Le changement climatique affecte l'agriculture de manière profonde, avec des conséquences à long terme. Les rendements mondiaux des cultures baissent entre 32 et 39 % en raison des aléas climatiques. Cela provoque des fluctuations annuelles de la production de 2 à 22 millions de tonnes pour les principales cultures comme le maïs, le riz, le blé, et le soja.
L'agriculture urbaine est particulièrement vulnérable aux inondations dues aux infrastructures inadéquates pour gérer les précipitations accrues, ce qui compromet des mois, voire des années de travail. En Afrique, les précipitations exceptionnelles détruisent régulièrement des récoltes sans compensation ni assurance pour les producteurs. Par exemple, en septembre 2024, des pluies diluviennes ont inondé Bamako, au Mali, submergeant champs de coton et de maïs et provoquant des pertes financières irréversibles pour les agriculteurs.
Conséquences Environnementales
Aux Antilles, les températures caniculaires ont marqué le début de la saison des pluies en 2024. Les îles des Caraïbes, et en particulier la Martinique, ont subi des températures records atteignant jusqu’à 8 °C au-dessus des moyennes saisonnières, provoquant sécheresse et stress hydrique pour les cultures. Les agriculteurs doivent adapter leurs méthodes pour faire face à ces nouvelles conditions climatiques.
En milieu urbain, les défis sont encore plus grands. La pollution de l'air, les espaces d'infiltration réduits et la présence d'infrastructures perturbent les conditions de ventilation, de lumière et de température. Le revêtement urbain, qui remplace les couvertures végétales, favorise le ruissellement plutôt que l’infiltration, réduisant la disponibilité en eau pour les cultures. En outre, la pollution lumineuse et les particules en suspension dans l’air urbain limitent la photosynthèse, avec des conséquences sur la production alimentaire.
Des Initiatives Résilientes face aux Changements Climatiques
Face au changement climatique, l’implantation d'arbres en milieu urbain s’avère cruciale. Les vergers urbains peuvent non seulement fournir des fruits pour la consommation locale mais également améliorer la qualité de l'air et favoriser l'infiltration de l'eau. De plus, les ruchers urbains peuvent accroître la production de miel et faciliter l’accès à ces produits à des prix compétitifs.
À Kinshasa, un sac de manioc coûte environ 50 dollars au marché. En milieu urbain, le coût logistique de ce produit s’élève à environ 6 dollars, contre 20 dollars lorsqu’il est transporté des provinces. Cela montre l'importance de penser l’agriculture dans une perspective de développement global. En valorisant les filières locales, l'agriculture urbaine contribue au paysage, à l’emploi et à la résilience des systèmes agroalimentaires en ville.
Les pratiques résilientes comme l’agroforesterie et l’agriculture intégrée sont encouragées. L’arbre joue un rôle clé dans la gestion de l'eau, le maintien de l’humidité, et la préservation des sols, contribuant ainsi à la résilience des cultures.
Synergies entre Agriculture Urbaine et Politique Agricole
Au niveau politique, la sécurité alimentaire est une priorité, surtout en Afrique, où elle est essentielle à la stabilité socio-économique. Les gouvernements africains doivent intégrer des pratiques agricoles résilientes dans leurs politiques pour assurer autonomie et sécurité alimentaire. La collaboration entre les gouvernements, les ingénieurs et les agriculteurs est cruciale pour le succès des initiatives résilientes, impliquant des investissements dans le matériel, les techniques de mesure, et des projets collectifs d’agro-ingénierie.
Des initiatives comme les "Villages climato-intelligents" (Climate Smart Villages, CSV) montrent le potentiel des solutions locales pour relever les défis climatiques. À Bamako, par exemple, des CSV ont été créés pour renforcer la résilience des communautés. La recherche y est menée en collaboration étroite avec les autorités locales et les ONG, facilitant le changement des pratiques agricoles et améliorant la résilience des systèmes agricoles urbains.
Réflexions et Perspectives pour l’Avenir
L'agriculture intelligente face au climat (AIC) propose trois piliers pour améliorer la résilience agricole : augmenter durablement la productivité, renforcer la résilience climatique, et réduire les émissions de gaz à effet de serre. La collaboration internationale et l’expertise étrangère, notamment de pays comme le Brésil ou Cuba, offrent des pistes complémentaires pour le développement de pratiques durables.
Le digital joue aussi un rôle stratégique dans cette modernisation. L’Afrique doit rattraper son retard dans le domaine numérique, notamment en agriculture. La capacité à suivre des indicateurs en temps réel et à interpréter ces données sera décisive pour la prise de décision et le succès des initiatives résilientes.
Face à la croissance démographique rapide, l'Afrique doit investir dans des solutions agricoles locales et durables pour atteindre l'autosuffisance alimentaire. Cette démarche est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et préserver les ressources naturelles dans un contexte climatique de plus en plus incertain.