KARIB AFRIK

View Original

Antillais : Peuple Résistant, Peuple de Résilience

Durant mon adolescence, je ne connaissais pas trop les Antilles. « Antilles » est un terme que j’entendais souvent dans les cours d’histoire et de géographie à l’école, auquel je ne prêtais pas beaucoup d’attention. Je ne savais pas non plus qu’un jour je découvrirais les Antillais à travers des rencontres professionnelles et amicales qui changeront ma façon de répondre aux questions raciales.

Histoire des Antilles

Les Antilles sont un vaste archipel réparti entre la mer des Caraïbes, le golfe du Mexique et l’océan Atlantique. L’archipel forme un arc de cercle de plus de 4 500 km de long s’étendant depuis le golfe du Mexique jusqu’au large du Venezuela. Une partie de cet archipel appartient à la France, d’où l’appellation des Antilles françaises. Il s’agit notamment des îles de la Martinique, la Guadeloupe, Marie Galante, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, etc.

Avant l’arrivée de Christoph Colomb et la colonisation européenne, les îles des Antilles étaient habitées par les nombreuses cultures différentes. C’étaient majoritairement les peuples amérindiens venant pour la plupart d’Amérique et du Venezuela, y compris un peuple des pêcheurs, les Arawaks. Au XVIIe siècle les colons français y établissent des comptoirs et des colonies. Les Amérindiens sont chassés par les colons qui mettent en place l’esclavagisme. Pendant près de quatre siècles, des esclaves ont été déportés d’Afrique pour travailler dans les champs de canne à sucre, moteur économique prospère et principal des îles.

Ce n’est qu’au XIXe que l’esclavage est finalement aboli. La Martinique, la Guadeloupe deviennent les départements français composés d’une population issue du mélange racial.

Populations antillaises, population métissée

Le terme "métis" désigne une personne dont les parents ont des origines géographiques, culturelles ou phénotypiques différentes. « Pour les scientifiques, tous les êtres humains sont le produit d'un mélange génétique. »

Aux Antilles, le métissage est particulièrement marqué. Les Antilles françaises sont majoritairement peuplées de Noirs et de métis. Des termes spécifiques, parfois péjoratifs à l'origine, désignent les différentes teintes de peau et origines des métis, comme "chabin" pour les Antillais à la peau claire. Ce métissage a indéniablement modifié la génétique des esclaves noirs déportés aux Antilles.

De mon expérience, aujourd’hui je côtoie les antillais qu’ils soient noirs, Koulis, chabins, bref, une diversité de beauté. Cependant, mon souci est de présenter une autre face des Antilles que beaucoup d’Africains ignorent et qui n’est pas présentée par les médias du monde. Les Antillais seraient un peuple fort et tenace.

Les Antillais, un peuple fort et tenace

L'histoire des Antilles est marquée par la résistance et la résilience, caractéristiques des Antillais, particulièrement durant et après l'esclavage. Les Noirs ont été asservis dans des travaux durs, que ce soit en agriculture, dans la construction, ou lors des guerres mondiales pour le développement de l'Europe et de l'Amérique.

Cette force se manifeste également par la longévité exceptionnelle des Antillais. Eugénie Blanchard, Marthe Roch, Julie Montabord, Véronique Louis-Sidney et Louise Bilon sont un échantillon des centenaires (ayant vécu plus de cent ans) nées aux Antilles entre 1896 et 1907. Les démographes intrigués par ce phénomène de longévité les appellent des « super centenaires ». Jacques Vallin est un démographe et Directeur de recherche émérite à l’INED (Institut national d’études démographiques) qui a publié en 2021 un article universitaire dans la revue Gérontologie et société dans lequel il a trouvé, vérifié et validé les identités de plusieurs supercentenaires en Martinique et en Guadeloupe. Et surprise, ils étaient huit fois plus que dans l’Hexagone. Ce phénomène est dû aux « gènes favorables à la survie ».

Des gènes favorables à la survie

Pourquoi les Antillais atteignent facilement les cent ans ou plus à comparer à d’autres pays du monde ? Monsieur Jacques Vallin a pris le parti de se pencher sur des raisons historiques et génétiques. Selon lui « les supercentenaires seraient plus nombreux dans ces territoires, car leurs ancêtres, qui étaient esclaves, leur auraient transmis des « gènes favorables à la survie », « que ce soit lors de leur capture, durant leur confinement avant la déportation ou pendant la traversée de l’Atlantique, la mortalité a été effroyable. Puis, arrivés aux Antilles, ces hommes et femmes le plus souvent très jeunes étaient soumis aux travaux forcés et des traitements brutaux. Beaucoup mourraient avant de pouvoir faire des enfants ». Il ajoute alors, « l’ensemble du processus a naturellement sélectionné les individus les plus résistants qui ont été les seuls à aller jusqu’au bout de la chaine et ont réussi à se produire. S’il y a un lien génétique entre la robustesse et la longévité, cela pourrait évidemment suffire à expliquer la surprévalence actuelle de supercentenaires ».

Cette position a suscité des réactions positives et négatives auprès de la communauté scientifique. Je suis pour cette position pour une seule raison : les explications fournies par Monsieur Jacques Vallin sont les seules que la science donne actuellement à ce phénomène. En plus, il est juste de penser ainsi d’autant plus que les détracteurs de cette théorie n’ont pas fourni les données scientifiques contraires.

Ma conclusion

Les Antillais ont hérité de gènes de survie modifiés par leur histoire, les rendant plus forts, résistants et résilients. Peu importe leur taux de mélanine, ils démontrent une robustesse physique et mentale remarquable, héritée de siècles de lutte pour la survie.